dimanche 14 décembre 2014

Glissement sémantique - Le trumeau


Procédé linguistique naturel par lequel un mot change progressivement de sens à mesure que les locuteurs l’utilisent et le comprennent comme désignant quelque chose de légèrement différent du désigné précédent.


Le trumeau

Etymologiquement :

Du francique thrum (« extrémité, bout, moignon ») ; apparenté à l’allemand Trumm (« morceau »).

  1.  Le sens ancien, aujourd'hui oublié, est jambe.
  2.  Terme de boucherie. Le jarret d'un bœuf, c'est-à-dire la partie qui est au-dessus de la jointure du genou.
  3. Par assimilation du sens de jambe, en maçonnerie, partie d'un mur de face comprise entre deux baies de porte ou de croisée. Terme de menuiserie. Toute partie de menuiserie servant à revêtir l'espace qui se trouve entre deux croisées, qu'il y ait ou non une glace.
  4. Parquet de glace qui occupe cet espace. Tous ces objets sont vingt fois répétés Dans des trumeaux tout brillants de clartés, [Voltaire, Mondain.]
Définition
I. − Vx. Gras de la jambe. − BOUCH. Jarret de bœuf. (Ds Gdes heures cuis. fr., Éluard-Valette, 1964, p. 252).

II. − BEAUX-ARTS A. − 1. Espace compris entre deux portes, entre deux fenêtres; panneau, revêtement (de menuiserie, de glace, peinture ornementale, etc.) qui occupe cet espace. Les trumeaux des fenêtres, horriblement surchargés, se lézardaient en tous sens (Mérimée, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 132). 2. Glace décorant le dessus d'une cheminée; panneau de bois sculpté, peinture ornementale au-dessus d'une telle glace. Trumeau orné de marqueterie; trumeau rococo. Au-dessus de la cheminée (...) s'élevait jusqu'au plafond un trumeau encadré par un fouillis de branchages, de nids de tourterelles et de canaris dorés (Nerval, Fayolle, 1855, p. 44). B. − Pilier, souvent sculpté ou masqué par une statue, qui soulage en son milieu le linteau d'un portail. Trumeau gothique sculpté. L'étude des façades (...) conduira à son tour, pour les plans, à certaines modifications des avant-corps, des entr'axes, des piliers, des trumeaux (Arnaud, Archit. et constr., t. 1, 1931p. 73).

III. − Pop., vieilli. (Vieux) trumeau. Personne âgée; en partic., vieille femme outrageusement fardée. « Avais-je raison, hier? Quels trumeaux!... » La pimpante Cécile prononçait à mi-voix cette parole irrespectueuse (...). Elle montrait du coin de l'œil un groupe de vieilles personnes (Bourget, Drame, 1921, p. 110).La vue de tout ce petit monde laborieux [les étudiants] est fort plaisante pour un vieux trumeau comme moi (Proust, Prisonn., 1922, p. 291).



Un trumeau est donc : la partie d'un mur, d'une cloison comprise entre deux baies, deux portes-fenêtres, pilier qui supporte en son milieu le linteau d'un portail ou d'une fenêtre (Voir meneau), par extension, le panneau de menuiserie ornant la partie supérieure d’une glace de cheminée. toute partie de menuiserie servant à revêtir l'espace qui se trouve entre deux fenêtres, soit qu'il y ait ou non une glace; on donne aussi ce nom à tous les parquets de glace. également par extension, un tableau servant à décorer cette partie du mur, mal éclairée, et péjorativement un tableau qui ne mérite pas d'être bien éclairé. en argot, une femme au physique ingrat.

Quel beau glissement


« Ne causant pas la langue anglaise, j’avais tout le temps de m’amuser l’œil... Le vieux, il mastiquait lentement. Mme Merrywin, elle arrivait après tout le monde. Elle avait habillé Jonkind, elle l’installait sur sa chaise, elle écartait les ustensiles, surtout les couteaux, c’était vraiment admirable qu’il se soye pas déjà éborgné... Et le voyant si goulu, qu’il ait pas déjà bouffé une petite cafetière, qu’il en soye pas déjà crevé... Nora, la patronne, je la regardais furtivement, je l’entendais comme une chanson... Sa voix, c’était comme le reste, un sortilège de douceur... Ce qui m’occupait dans son anglais c’était la musique, comme ça venait danser autour, au milieu des flammes. Je vivais enveloppé aussi moi, un peu comme Jonkind en somme, dans l’ahurissement. Je vivais gâteux, je me laissais ensorceler. J’avais rien à faire. La punaise, elle devait bien se rendre compte ! C’est fumier les femmes. Elle était vicelarde comme les autres. « Mais dis donc ! que je me fais, Arthur ! T’as pas mangé du cerf-volant ? T’es pas malade ? Dis, des fois ? Tu la perds ! Tu t’envoles Bouboule ! Mon trognon chéri ! Raccroche mon Jésus ! Pince-toi l’œuf ! Il est quart moins deux ! »...  »
« Aussitôt c’était fatal, je me racornissais à l’instant... Je me ratatinais tout en boule. C’était fini ! c’était passé ! J’avais la trappe recousue !
Fallait que je reste sur mes gardes, l’imagination m’emportait, l’endroit était des plus songeurs avec ses rafales opaques et ses nuages partout. Il fallait se planquer, se reblinder sans cesse. Une question me revenait souvent, comment qu’elle l’avait épousé l’autre petit véreux ? le raton sur sa badine ? ça paraissait impossible ! Quel trumeau ! quel afur ! quelle bobinette ! en pipe il ferait peur ! il ferait pas vingt sous ! Enfin c’était son affaire !...
C’est toujours elle qui me relançait, qui voulait que je conversationne : « Good Morning Ferdinand ! Hello ! Good Morning ! »... J’étais dans la confusion. Elle faisait des mimiques si mignonnes... J’ai failli tomber bien des fois. Mais je me repiquais alors dare-dare... Je me faisais revenir subitement les choses que j’avais sur la pomme... Je revoyais la tête à Lavelongue, à Gorloge, mélimélo !... J’avais un choix pour dégueuler ! la mère Méhon !... Çâkya-Mouni !... J’avais qu’à me laisser renifler, j’avais le nez toujours dans la merde ! Je me répondais par l’intérieur... « Parle toujours, parle encore dis ma langouste ! C’est pas toi qui me feras tiquer... Tu peux te fendre toute[…] »

Extrait de: « Louis Ferdinand Céline - Mort à crédit. »


dimanche 7 décembre 2014

Miscellanées


Fun With Words

fun (n.) "diversion, amusement," 1727, earlier "a cheat, trick" (c.1700), from verb fun (1680s) "to cheat, hoax," of uncertain origin, probably a variant of Middle English fonnen "befool" (c.1400; see fond). 

Stigmatized by Johnson as "a low cant word." Older sense is preserved in phrase to make fun of (1737) and funny money "counterfeit bills" (1938, though this may be more for the sake of the rhyme).



Amusant de voir les mots diversion et amusement utilisé comme synonyme de "fun".
Enfin, si la langue française est très riche, elle ne sonne pas toujours comme la langue de nos amis anglais.

Je m'amuserais donc à passer du coq à l'âne, de faire l'inventaire des différents mots sur lesquels je buterais au cours de mes pérégrinations.